Introduction - "Une voix sous la cendre" - 19/11/09

Publié le par Martine Benayoun


Débat avec la présence des sections de Marseille, d'Avignon et de Montpellier.

 

INTRODUCTION DE MARTINE BENAYOUN

Le 5 mars 1945, lors des fouilles effectuées près du crématoire III de Birkenau, on découvrit à l’intérieur d’une gourde allemande en aluminium fermée par un bouchon en métal, un carnet de 14,5 x 9,5… et portant signature de Zalmen Gradowski.

Zalmen Gradowski est né en 1910…

Installé à Luna, près de Grodno, en 1941, une fois le ghetto établi, Zalmen Gradowski fut chargé de la gestion des problèmes sanitaires, charge qui culmina avec la déportation des habitants du ghetto à Auschwitz en décembre 1942, d'où il fut ensuite transféré au Sonderkommando. Il participa activement au mouvement clandestin qui s'était formé au sein du Sonderkommando, mouvement dont il fut d'ailleurs l'un des chefs ; il a probablement été tué durant la révolte du Sonderkommando en octobre1944.

Pour rendre audibles et visibles ces textes extraordinaires et authentiques, encore ignorés du grand public, ce témoignage de Zalmen Gradowski doit être lu et entendu comme Zalmen Gradowski, lui-même l’a écrit : en souvenir pour le futur monde de paix afin qu’on sache ce qui s’est passé.

Il a fallu attendre les années 2000 pour que de tels témoignages, connus des historiens, soient révélés au grand public. Or ils sont essentiels, car d’un point de vue historique, ce sont les rares témoignages venus de l’intérieur, alors que beaucoup de témoignages sont le fait de rescapés datant d’après-guerre. Zalmen Gradwski fut assassiné en octobre 1944 au moment d’une révolte. Il s’agit donc de témoignages de l’immédiateté, de l’intérieur.

Zalmen Dradowski aimait écrire et voulait témoigner à travers l’écriture, pour nous : il nous convoque et nous adresse directement la parole, il nous interpelle et nous fait ressentir ce qu’il a vécu en s’adressant à nous : « Viens vers moi, toi, heureux citoyen du monde, qui habites le pays où existent encore bonheur, joie et plaisir, et je te raconterai comment les ignobles criminels modernes ont transformé le bonheur d’un peuple en malheur, changé sa joie en éternelle tristesse, détruit à jamais son plaisir de vivre.Viens vers moi, toi, libre citoyen du monde, dont la vie est assurée grâce à la morale humaine et l’existence garantie par la loi, et je te raconterai comment les modernes criminels et ignobles bandits ont piétiné la morale de la vie et anéanti les lois de l’existence… »

Le metteur en scène Alain Timar et l'acteur François Clavier font entendre cette voix avec humilité: grâce à une mise en scène exceptionnellement pudique et dépouillée qui donne aux mots toutes leurs forces; et grâce au talent du comédien qui se fait l'ultime témoin de l'au-delà humain, de l'indicible.

 

 

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